Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 6.djvu/60

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lui seul qu’il doit s’en rapporter. En effet, si la bonté d’un conseil dépend alors d’une connoissance exacte du sentiment et du degré de sentiment dont un homme est affecté, qui peut mieux se conseiller que soi-même ? Si l’intérêt vif nous éclaire sur tous les objets de nos recherches, qui peut être plus éclairé que nous sur notre propre bonheur ? Qui sait si, le caractere formé et les habitudes prises, chacun ne se conduit pas le mieux possible, lors même qu’il paroît le plus fou ? Tout le monde sait cette réponse d’un fameux oculiste. Un paysan va le consulter ; il le trouve à table, buvant et mangeant bien : « Que faire pour mes yeux ? lui dit le paysan ». — « Vous abstenir du vin, reprend l’oculiste ». — « Mais il me semble, reprend le paysan en s’approchant de lui, que vos yeux ne sont pas plus sains