Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 6.djvu/63

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abymes de malheurs. Aussi devroit-on souvent se rappeler ce mot de Socrate : « Puissé-je, disoit ce philosophe, toujours en garde contre mes maîtres et mes amis, conserver toujours mon ame dans une situation tranquille, et n’obéir jamais qu’à la raison, la meilleure des conseilleres » ! Quiconque écoute la raison est non seulement sourd aux mauvais conseils, mais pese encore à la balance du doute les conseils même de ces gens qui, respectables par leur âge, leurs dignités, et leur mérite, mettent cependant trop d’importance à leurs occupations, et, comme le héros de Cervantes, ont un coin de folie auquel ils veulent tout ramener. Si les conseils sont quelquefois utiles, c’est pour se mettre en état de se mieux conseiller soi-même : s’il est prudent d’en demander, ce n’est qu’à ces gens