Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 6.djvu/68

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l’homme d’esprit paroît moins sensible aux éloges, c’est qu’il en apperçoit plus souvent la fausseté : mais qu’un flatteur adroit le loue, persiste à le louer, et mêle quelques blâmes aux éloges qu’il lui donne, l’homme d’esprit en sera tôt ou tard la dupe. Depuis l’artisan jusqu’aux princes, tout aime la louange, et par conséquent la flatterie adroite. Mais, dira-t-on, n’a-t-on pas vu des rois supporter avec reconnoissance les dures représentations d’un conseiller vertueux ? Oui, sans doute : mais ces princes étoient jaloux de leur gloire ; ils étoient amoureux du bien public ; leur caractere les forçoit d’appeler à leur cour des hommes animés de cette même passion, c’est-à-dire des hommes qui ne leur donnassent que des conseils favorables aux peuples. Or de pareils conseillers flattent un prince vertueux,