Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 6.djvu/82

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titre d’homme de bon sens, usurpé par une infinité de gens, ne leur appartient certainement pas.

Si l’on dit de presque tous les sots qu’ils sont gens de bon sens, il en est à cet égard des sots comme des filles laides, qu’on cite toujours comme bonnes. On vante volontiers le mérite de ceux qui n’en ont point ; on les présente sous le côté le plus avantageux, et les hommes supérieurs sous le côté le plus défavorable. Que de gens prodiguent en conséquence les plus grands éloges au bon sens, qu’ils placent et doivent réellement placer au-dessus de l’esprit ! En effet, chacun voulant s’estimer préférablement aux autres, et les gens médiocres se sentant plus près du bon sens que de l’esprit, ils doivent faire peu de cas de celui-ci, le regarder comme un don futile : et de là cette phrase tant ré-