Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 6.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Au reste, quelque avantage que procure la médiocrité et quelque accès qu’elle ouvre à la fortune, l’esprit, comme je l’ai dit plus haut, a quelquefois part à notre élévation. Pourquoi donc le public n’a-t-il aucune estime pour cette sorte d’esprit ? C’est, répondrai-je, parce qu’il ignore le détail des manœuvres dont se sert l’intriguant, et ne peut presque jamais savoir si son élévation est l’effet ou de ce qu’on appelle l’esprit de conduite, ou du hasard. D’ailleurs le nombre des idées nécessaires pour faire fortune n’est point immense. Mais, dira-t-on, pour duper les hommes quelle connoissance ne faut-il pas en avoir ! L’intriguant, répondrai-je, connoît parfaitement l’homme dont il a besoin, mais ne connoît point les hommes. Entre l’homme d’intrigue et le philosophe on trouve à cet égard la