Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 6.djvu/93

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cres, il faut en général se prêter aux erreurs communes, se conformer aux usages, et ressembler à tout le monde. L’esprit élevé ne peut s’abaisser jusques-là : il aime mieux être la digue qui s’oppose au torrent, dût-il en être renversé, que le rameau léger qui flotte au gré des eaux. D’ailleurs l’homme éclairé, avec quelque adresse qu’il se masque, ne ressemble jamais si exactement à un sot qu’un sot se ressemble à lui-même. On est bien plus sûr de soi lorsqu’on prend que lorsqu’on feint de prendre des erreurs pour des vérités.

Le nombre d’idées que suppose l’esprit de conduite n’a donc que peu d’étendue : mais, en exigeât-il davantage, je dis que le public n’auroit encore aucune sorte d’estime pour cette sorte d’esprit. L’intriguant se fait le centre de la nature ; c’est à son inté-