Page:Hennique – Deux nouvelles, 1881.djvu/128

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— Bonsoir, fit Benjamin.

— Bonsoir.

Ils s’embrassèrent. Mme Rozes pria Dieu pour ses enfants, puis s’endormit.

Le sommeil emporta aussi Benjamin Rozes, mais il ne fut pas long à s’éveiller, mouillé de sueur, un tremblement aux reins. Un cauchemar lui montrait un être famélique, étendu contre lui, putride et rongé ainsi qu’un vieux vêtement. Toute la nuit, des spectacles atroces le hantèrent : c’étaient des animaux armés de gueules ouvertes comme des précipices, des mains glaciales et tâtonnantes qui lui massaient le ventre, des couleuvres dont la gueule fumait. — Il eut une vision obscène, d’un cynisme que sa conscience, en