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PŒUF.

plus grands ; et sa face, d’une maigreur tirée, enfermait cet on ne sait quoi de souffreteux et de bleuissant des faces que, d’habitude, la maladie se plaît seule à émacier.

Il se leva, pleurant toujours, sans une grimace.

— Vous vous souvenez, m’sieur André… quand nous allions nous promener ensemble.

— Oui, Pœuf.

— Nous nous sommes amusés, hein ?

— Oui, P…œuf.

— Avec qui qu’vous vous promenez, maintenant ?

— Avec les autres sapeurs.

Il dégouffra un profond soupir et s’approcha de moi.

Je reculai involontairement.

— Vous avez peur ? me demanda-t-il d’une voix suffoquée. — Vous croyez donc que j’voudrais vous faire du mal… à vous ?

Et comme je ne répondais point, il ajouta :

— Il n’y a pourtant guère de danger, allez !… J’ai la camisole… J’peux pas bouger les bras.

Je le considérai, et je vis qu’en effet il avait une singulière blouse en étoffe grise, solide, dont les manches étroites et lui collant les bras au ventre passaient entre ses jambes et devaient être attachées derrière son dos.