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PŒUF.

Je l’embrassai une dernière fois ; il me suivit d’un regard morne, tandis qu’on m’entraînait ; — et la porte claqua sur mes talons, la massive porte à guichet fermé.

J’étais dans le même couloir que précédemment, un bras sous les gros doigts de Chassagnol, avec la clarté pâle de l’escalier devant moi.

— Vous savez ! me déclara le sergent, au bout de quelques minutes, quand, à demi-chemin de notre maison, en butte à des rafales qui menaçaient les chapeaux, nous aperçûmes derechef le brick au mouillage et la rade houleuse, — vous savez ! ne répétez pas au colonel ce que Pœuf nous a déblatéré au moment de le quitter. C’est sur moi que ça retomberait !

— Je ne demande pas mieux, repartis-je, — mais vous ne raconterez pas non plus ce que je lui ai dit ?

— Que lui avez-vous dit ?

— Qu’il a bien fait de tuer Barrateau.

Chassagnol ne put s’empêcher de rire.

Je ris de même, plus fort que lui, bêtement ; puis, comme s’apaisaient, se calmaient et se lénifiaient déjà les tristes impressions de ma visite à Pœuf, visite dont les péripéties divergeaient autour d’un point central, mystérieux, je ne tardai pas à rallier ce point : « Pourquoi les femmes… toutes les femmes étaient-elles des coquines ?… coquines !… toutes ! » Je me heurtai à des murs. « Oui, pourquoi… pourquoi ?…