Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/109

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que ne l’est un ministre de l’Agriculture ou un ingénieur des poudres, je vous dirais encore : « Ne voyagez pas, conservez intacts, emportez dans votre tombe les tableaux ensoleillés, tout pleins de coupoles, de ponts, de palais, de navires, de canaux, de cortèges et de fumées, qui s’éclairent devant vos paupières closes, quand vous prononcez le nom d’une cité lointaine et pleine de prestige… » J’en puis parler, moi, le ballon captif de l’amour baladeur, qui ai jeté l’ancre dans toutes les capitales ! Restez chez vous, laissez mentir qui vient de loin, et tenez pour sincère l’avis que vous donne le plus expérimenté des touristes.

Celui qui vous parle a subi le supplice des paquebots, des wagons-lits et des Anglais. Moi, l’homme des nuits montmartroises, le couche-tard endurci, j’ai dû insérer, dans les cabines des transatlantiques, mon pauvre lard harcelé par une incessante privation de sommeil. Des ladies plates et glapissantes, qui se levaient avec l’aube, me