Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/118

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n’ai, de toute ma vie, été insulté avec un pareil entrain. Les Arabes du port riaient ; les voyageurs du bateau riaient et je pris le parti de rire avec eux.

Nous cinglâmes, l’idée que j’allais vivre enfin quelques jours sans me retourner sans cesse me combla d’un bonheur nouveau. Les joues réjouies par le vent du large, je passai mon temps sur le rouf, tandis que la chère gosse, en béret à pompon et blouse de traversée, fatiguait le piano du bord et que d’atroces Anglaises appuyées sur les cavaliers à gueules de clergymen tournaient au rythme luxurieux des tangos et des shimmys.

Trois jours plus tard, nous apercevions le Vésuve. Une économique fumée s’en échappait, pour fondre aussitôt dans un ciel peint à neuf. Nous ne traînâmes pas dans Naples, où nous vîmes cependant l’extraordinaire spectacle d’une mendiante, qui avait appris à dormir les mains ouvertes et tendues. Ce miracle ne suffit point à nous retenir.