Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/121

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Elle ne voulait plus sortir. Nous en vînmes à vivre enfermés dans nos appartements, le nez aux carreaux comme si nous subissions en tous lieux d’interminables semaines de pluie.

Que vous dirai-je ? Après un pays, c’en était un autre, puis d’autres encore. Je finissais par plaindre le mari comme si nous le traînions de force à notre suite, au lieu de galoper devant lui. Oui, je le plaignais. Certes, devant sa femme, je ne me faisais point faute d’attribuer à sa persévérance le mobile le moins flatteur, celui de l’orgueil blessé. Je ne pouvais tenir un autre langage. L’amour et l’équité ne sont point mêmes choses. Et ce n’était pas après deux cents jours de tracas, de fureur et de concupiscence que j’allais dire à l’objet de mes désirs : « Madame, votre époux vous adore et je suis venu de Stockholm à Port-Saïd, avec ma valise et ma couverture de voyage, à seule fin de vous réconcilier, d’atténuer vos torts respectifs et réciproques, de vous bénir en répandant des larmes