Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/134

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus tard qu’hier et bien par hasard, je surpris les confidences de deux jeunes filles. J’attendais mon amie dans le hall de l’hôtel ; un paravent me séparait du coin ombreux où elles vinrent se poser en babillant. Je ne vous dirai point que j’entendis des énormités ; on calomnie les jeunes filles. Elles parlaient du mariage et du mari qu’elles espèrent. Toutes deux exprimèrent, avant tout, l’avis que l’élu devait avoir des loisirs, des mains soignées et une auto. Mais, quant à décrire le fiancé du rêve, une seule en était capable. J’ai noté le signalement : cet oiseau rare doit être brun, avec de longs yeux noirs, un front fuyant, un teint mat, un nez busqué, une moustache taillée court sous le bec hardi, et des cheveux bouclés.

— « Grand ou moyen », a demandé l’autre jeune fille.

— « Plutôt grand, avec des jambes fines et musclées. »

Là-dessus elles sont tombées d’accord que