Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/14

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Pardieu, la bonne bière que voilà ! Aimez-vous la bière ? Pour moi, j’ai tort de me laisser aller à mon goût ; elle m’alourdit comme tout ce que j’aime. D’ailleurs tout fait grossir les grosses gens, le régime, les sports, les douches, le manque de sommeil, la guerre, oui, la guerre elle-même, fut un facteur de l’embonpoint.

Pourtant, une fois, grâce aux méthodes d’un médecin, qui m’imposa des tortures dont le récit vous retournerait les orteils, je parvins à maigrir. Je connus à ce moment un si grand bonheur que je me mis aussitôt à engraisser de plus belle. Vous peindrai-je ma fureur et mon désespoir ? Quand le docteur vint, un beau matin, chercher ses honoraires, il lut tout de suite dans mes regards que sa vie était en danger ; il s’enfuit, monsieur, et, me penchant, je le vis descendre mon escalier à