Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/150

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et des paupières baissées, deviner chez celles que l’on désire en silence ce consentement muet que les paroles ne pourront ni confirmer ni démentir, voilà la raison de vivre, voilà ce que rien ne remplace !

Ne protestez pas, allez ! On a tant dit là-dessus, tant écrit. Les disgraciés devenus moralistes s’en sont donné à cœur joie et ils nous racontent, depuis des siècles, que les honneurs, la fortune, les grandes entreprises, l’art ou la science procurent aux hommes les plus grandes joies et que, au delà d’un certain âge, l’amour est le passe-temps des sots et des oisifs. Laissez-moi rire !

On ne vit réellement que pour l’amour. On ne pense qu’à lui, même au fond des Trappes et sous les arceaux des cloîtres. Les êtres délicats se résignent silencieusement et renoncent sans pose à ce qui fut leur raison de vivre ; d’autres brûlent comme des torches jusqu’au bout de leur temps et meurent désespérés. Il n’y a que les imbéciles pour prendre