Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/176

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de grelots. D’où nous étions, on voyait seulement passer la tête du cheval, le fouet, puis la maraîchère, un fichu rouge noué sous le menton, assise au milieu de ses laitues et de ses choux.

Il faisait un vrai temps d’amoureux, tiède avec de petits souffles, et, entre les arbres, des bourdonnements de sous-bois. Mon amie trottinait, une ombrelle sous le bras, les mains dans un manchon. J’allais à côté d’elle en sifflotant. Puis je me mis à raconter quelque chose. Soudain, au moment où nous dépassions cet hôtel ancien dont les volets sont toujours clos, elle a mis sa main sur mon bras. Je m’arrêtai. C’est alors qu’elle m’a regardé d’une façon… je parle sans fatuité, mais ce regard n’était pas un regard ordinaire.

Je fus interloqué. Elle reprit sa marche, après trois pas elle dit :

— Continuez, mon ami.

— Quoi, s’il vous plaît ?

— Votre histoire.