Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/185

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« J’éclatai :

« — Moi, j’ai changé ! Vous allez reprendre votre chapeau, votre valise, votre pardessus et vous en aller… C’est fini. J’en sais trop sur votre compte, et sachant ce que je sais, j’ai pu vivre six mois loin de vous, me voilà guérie. Divorçons si cela vous plaît, où bien ne divorçons pas, je m’en moque absolument ; je n’ai que faire de ma liberté, mais quant à reprendre ma place dans votre vie, jamais. »

« Il resta un moment immobile, les yeux baissés. Puis il me regarda, durement ; ses lèvres tremblaient. J’ai cru qu’il allait se jeter sur moi. Heureusement, je ne suis pas de celles que l’on effraie : j’ai croisé mes mains derrière mon dos et je me suis mise à rire. Il se tenait devant moi. Sa figure jusqu’alors rouge et gonflée devint tout à coup très pâle ; je voyais ses lèvres trembler. Il m’effrayait, mais je tins bon. Au bout d’un moment, il se remit à marcher dans la chambre ;