Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/202

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Il y eut un temps, très court et très long, durant lequel nos regards s’entrecroisèrent. Me trompais-je ? Dans ses yeux, à elle, je crus lire une sorte de provocation, ou, si l’on veut, d’encouragement ; alors, d’un ton ferme, je déclarai :

— Ton ami, oui. Mais je suis amoureux d’Angèle, voilà la vérité. Tu peux ricaner. Je l’aime et c’est ta faute. Si tu ne m’avais pas poussé de force dans ton ménage et chargé de la tâche, exaspérante à la fin, de le raccommoder après chacun de tes coups d’éclat, je n’aurais probablement jamais songé à te faire cocu. À présent, c’est ainsi que je te le dis : je n’ai plus en tête d’autre idée. S’il ne s’est rien passé entre elle et moi ce n’est certes pas faute de n’en avoir, en ce qui me concerne, exprimé le pressant désir. Tu vois que je suis franc. Quant à te dire que j’y renonce, comme ça, sans autre raison que ton bon plaisir, n’y compte pas. Nous pourrons, si bon te semble, nous égorger ou nous bosseler à coups