Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/209

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Avant-hier, sur le marbre de la cheminée, savez-vous ce qu’en rentrant j’ai trouvé ? Une photographie, une photographie d’elle dont le dégradé commence au bord même d’un habile et perfide décolletage, de sorte qu’elle semble avoir posé toute nue devant l’objectif. Voilà bien les tours qu’il convient de ménager à un homme sanguin et, par surcroît, perdu d’amour.

Et pourquoi ces jeux cruels ? Je me suis demandé longuement si, par cet obscur et absurde esprit de compensation commun à la plupart des femmes, elle ne se soulageait point sur un souffre-douleur placé par le hasard à sa portée, du remords qu’elle avait d’en torturer un autre…

Ce serait la bonne explication, pour si peu qu’elle aimât son mari. Mais, quant à cela, je suis fixé. Elle ne l’aime plus. Certains symptômes ne trompent pas et ce sont justement les plus futiles. J’ai remarqué que, depuis qu’elle sait elle-même à quoi s’en tenir, elle porte des bijoux et