Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/21

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ma grosse voix, mon gros ventre et mes grosses pattes…

Un soir, j’ai failli me jeter à ses genoux. À genoux, moi, hein ? Je crois qu’elle se serait étouffée ! Une dernière lueur d’intelligence m’a sauvé. Mais je l’ai échappé belle.

Il nous reste quelques instants ; je vais vous raconter notre histoire… plutôt, non, je vais vous dire mes raisons d’espérer.

Son mari est un mufle, monsieur ; j’en parle sciemment : c’est un ami d’enfance. Figurez-vous le plus insupportable fat et le pire coureur de jupons qui ait jamais fait la roue devant les filles, un bellâtre à peau blême, ce qu’on appelait, autrefois : une pâleur intéressante. L’œil du bel ébéniste, les tempes grises, la chaussette opulente, enfin tout ce qu’il faut !… Avec ça, rusé, borné, sournois et dénué de scrupules, ainsi qu’il sied aux gens de