Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/221

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Il était une heure du matin… un train partait à trois heures pour Paris… Elle lut, d’un seul regard, mon projet dans mes yeux.

— Restez, dit-elle.

Je fis un pas vers la porte.

— Restez, si vous m’aimez !

Je me retournai. Elle s’était avancée vers moi et elle se tenait très droite, au milieu de la pièce, sous la lumière du plafonnier. Son air me surprit. C’est ordinairement, vous ai-je dit, une drôle de petite femme, tout en rires et en frisettes, une vraie gosse qui, lâchant son mari et abandonnant ses malles dans un hôtel de Londres, n’avait tout de même pas oublié la poupée qu’elle traîne partout et qu’elle couche à côté d’elle, dans son lit. Je ne la reconnaissais plus. C’était une femme sérieuse, presque grave, qui me regardait posément et qui répétait :

— Restez, si vous m’aimez.

Je haussai les épaules. J’étais à ce point où un