Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/226

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pour la décider, tout ce qu’un autre eût fait en pareille occurrence. Cependant mon désir ne s’était jamais transposé, dans mon esprit, en tableaux d’ensemble formant la suite appropriée et complète. Vous m’entendez ? Il m’arrivait de la dévêtir en pensée et, chose curieuse, mon imagination n’allait jamais plus loin.

C’est en réfléchissant à cette bizarrerie qu’au bout d’un instant, je quittai mon talus et m’en revins vers le centre de la ville.

Huit heures sonnaient. Dans le jardin public, je trouvai M. Canabol, qui lisait son journal. Voilà un fameux observateur ! Avant que j’eusse ouvert la bouche, il connaissait ma situation :

— Homme fortuné, me dit-il, venez que l’on vous complimente !

Un bon rire fraternel secouait la sphère heureuse de son ventre et il passait, en me regardant, la main dans sa barbe noire. Je lui fis le récit de ma soirée.