Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/228

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tre, les deux coudes en avant, et elle lisait l’unique ouvrage qui formait la bibliothèque de l’hôtel : l’Histoire de l’affaire Gouffé.

À cette vue, je sentis sur mes yeux s’étendre comme une toile d’araignée ; sur mon cou d’homme sanguin, monsieur, je sentis quelque chose qui ressemblait à la brûlure d’un fer à repasser. La colère me suffoquait, et je me demande encore, oui, je me demande comment je ne l’ai pas prise sous mon bras pour la corriger ainsi qu’une enfant vicieuse.

Mais elle se souleva ; elle s’appuya sur son coude et elle me regarda, de son air de la veille, amical, sérieux, un peu mélancolique :

— Il ne fallait pas venir si vous aviez lu ma lettre…

Sa lettre, je la tenais tout ouverte à la main.

— Vous vous jouez de moi, répondis-je. Je ne vous ferai aucun reproche. Mais pourquoi ne m’avez-vous pas laissé partir ?