Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/56

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patient consterné ce qu’il feint de ne plus voir depuis des semaines et des mois !

Brusquement, dans un pan de miroir, on aperçoit ce dos spacieux comme une armoire de famille, et cette nuque capitonnée, dont les losanges de chair mastic ressemblent aux coussins des wagons de première classe, et ce derrière qui s’épanouit sous l’étoffe et la tend ainsi que la soie d’un parapluie. Le profil n’est pas plus heureux qui montre la courbe d’un ventre en forme de proue et des bajoues dont la vue procure à chaque expérience les joies d’une découverte…

Pour comble, on garde, en général, son vieux pantalon et son vieux gilet pour essayer la veste neuve ; jamais les bosses des genoux ne vous ont paru si désolantes et jamais l’inévitable boudin du justaucorps ne vous désobligea de la sorte.

Le vêtement moderne, voilà l’ennemi ! Vivent le péplum et la toge ! J’aspire au retour des mœurs antiques, sauf en ce qui concerne l’auto et les cocktails.