Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/89

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dérables que des rondins ! et les doubles, les triples, les quadruples mentons brillant au bord des serviettes ainsi que des renflements de marbre rose !

À l’odeur du festin, les joues s’allument, les petits yeux pétillent de gourmandise, et les oreilles se mettent à batifoler.

Les premiers compagnons arrivent, se mettent à l’aise, se saluent d’un air joyeux. Tout de suite on parle du menu. Les petits nez ronds comme des griottes hument le parfum des casseroles. Nul ne pose à son voisin d’oiseuses questions au sujet de sa santé ; il s’enquiert bonnement de son appétit, et, ma foi, la réponse est toujours bonne. Pour occuper le temps, les pères de famille tirent de leurs poches les photographies de leurs petits, et toutes nos faces s’épanouissent à la vue des bébés-colosses dont les braves derrières font déjà grand honneur à toute notre société. Au dixième arrivant, le parquet se met à craquer, tandis que