Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
108
LE SUPPLICE DE PHÈDRE

dû mériter bien jeune. Aujourd’hui certainement, il y avait droit. Jamais encore, ce sentiment si mélancolique qu’elle était la femme d’un vieillard ne s’était éveillé dans le cœur d’Hélène. Elle essaya de le combattre et elle s’endormit. Mais, à la gare, le jour suivant, lorsqu’elle vit Michel, ce que d’abord elle remarqua, ce furent ses tempes grises et les plis accusés que formait la peau de son long visage disgracieux.

On était alors un jeudi. Jusqu’au dimanche ce fut chez elle un besoin constant que de noter les moindres signes de décrépitude par où périssait cette figure. Elle y cédait sans ressentir l’ombre d’une pitié et tirait même de ses trouvailles un amer plaisir. Tout à coup, le dimanche, elle se fit horreur. Qu’était-elle donc pour s’attacher avec cette passion à ce misérable inventaire ? Quatre mois avaient-ils transformé Michel ? Son dévouement, les qualités qu’elle goûtait chez lui s’étaient-ils évanouis durant cette période ? Alors, pareille aux femmes frivoles, si méprisées d’elle, c’était au grain de l’épiderme, à la flamme de l’œil que, désormais, elle jugerait du mérite d’un homme ? Elle aurait eu pour compagnon le meilleur des êtres et, constatant qu’il vieillissait, le prendrait en grippe ? Quelle ingratitude ! Quelle bassesse !

Cette violente crise de repentir ne dura qu’un temps. Le commandant avait appris presque avec bonheur non seulement qu’elle et Marc sortaient fréquemment, mais encore que sa femme s’habituait au monde et qu’elle se mettait à danser.