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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

où la nature aurait voulu qu’elles se fussent trahies, s’admirait sombrement d’avoir pu les vaincre. Les baisers, surtout, quelle horreur ! » Cette bouche flétrie, » se disait-elle, « sur la mienne, si pure ! » Là, une comparaison, toujours la même, celle d’une limace couvrant de glu les pétales d’une rose, entrait en jeu, se proposait avec tant de force et la captivait à tel point qu’un moment elle cessait de verser des larmes. Du dégoût, de la honte se mêlaient en elle au désespoir que lui causaient et sa vie manquée, et les épreuves qu’elle subirait jusqu’à sa vieillesse. Puis, de nouveau, des pleurs brûlants lui coulaient des yeux. Et jamais, dans ses crises, elle ne prenait garde qu’elle supportait sans y penser, quelques mois plus tôt, ce dont l’obscure et fugitive représentation la faisait frémir aujourd’hui.

La vue de Marc lui donnait seule quelque soulagement. Tous les jours, il gagnait et s’accomplissait. Des façons de jeune homme remplaçaient chez lui l’air un peu mièvre et les manières d’enfant mortifié qu’il avait gardés si longtemps. Sa voix s’était posée, son corps musclé, dans ses regards, encore tout frais, mais déjà moins vifs, commençait à régner assez d’assurance. D’autre part, sa toilette était plus soignée. Ou, si l’on veut, elle révélait un désir de plaire qui jamais, jusque-là, n’y avait paru.

Loin de souffrir, comme autrefois, ces divers symptômes avec impatience et chagrin, sa belle-mère les notait d’un esprit joyeux et faisait tout