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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

que la marraine brise à l’avant une fiole de champagne en même temps que le prêtre ânonne ses prières ? Est-ce le champagne, insista-t-elle, ou les oremus qui sont censés, dans la tempête, garder du naufrage ?

— Vos plaisanteries manquent d’à-propos ! dit Michel Soré. Il s’agit là d’une vieille coutume des plus respectables, notamment à l’époque que nous traversons. Sur un sujet comme celui-ci, que j’estime sérieux, je n’aime pas vous entendre exprimer des vues d’une aussi criante légèreté. J’ai beau savoir que ce désordre est surtout verbal, il me cause toujours du chagrin.

— Allons, de grâce, mon bon Michel, ne vous fâchez pas ! fit la jeune femme, d’un air enjoué, en prenant son livre et touchant à l’épaule son austère mari. Il y a d’ailleurs pis qu’un baptême de barque. La solennelle bénédiction d’une meute, par exemple. Là, convenez que votre Église pousse au ridicule le respect qu’elle porte à l’argent !

— Il se peut ! dit Michel. Moi, je n’en sais rien… Mais, sapristi ! où puisez-vous de pareilles idées ?

Marc apparut dans un peignoir à ramages vert vif dont le choix dénotait une extrême recherche. Aussitôt, négligeant la conversation qu’elle soutenait malicieusement depuis cinq minutes :

— Tu vas plonger Marie-Thérèse, lui dit sa belle-mère, et je veux, tu entends, qu’elle se trempe la tête ! Quand ses grimaces auront pris fin, tu pourras nager.

Elle se leva pour assister au bain des enfants