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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

la laissèrent au même point dans l’indifférence. Entre leurs tours, par amour-propre, étudiant ses pas, elle tâchait simplement à danser mieux qu’elles. Ambition qui, bientôt, lui parut frivole, tant elle la jugea superflue. Pour l’emporter sans discussion, au regard de tous, sur d’aussi chétives concurrentes, n’avait-elle pas cette allure noble et cette belle stature qu’à chaque passage lui renvoyait un immense miroir disposé, dans un angle, entre deux colonnes ? Si la race, bien souvent, se réduit en poudre aux premières touches que lui inflige une critique serrée, où vraiment elle existe, elle est éclatante ! Que pesaient auprès d’elle ces petites bourgeoises ? Qu’osaient-elles prétendre ou tenter ? Pas une seconde, elle n’eut l’idée, même voilée d’un doute, que, parmi elles, pût figurer une femme de son rang. Elle savait bien qu’il en venait dans cette salle de danse, et de fort nombreuses, d’impeccables. Cependant, à ses yeux, ce n’était qu’une bande et, dès l’instant que ces temps-ci, par suite des vacances, elle vivait éloignée du Sémiramis, tout le reste n’était que fretin vulgaire.

Cet argument sans nulle valeur, qu’une autre eût secoué, se proposait comme péremptoire à l’orgueil d’Hélène. Elle en tirait avec délices de douces conclusions. Par là s’explique la liberté qu’elle laissait à Marc, liberté qu’à l’usage elle accrut plutôt, que, dans l’excès presque imbécile de son assurance, elle aurait eu honte de restreindre.

Mais, un jour, elle crut bien que son cœur stop-