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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

qui se pressèrent dans l’esprit d’Hélène, tandis qu’avec le port de tête d’une femme outragée elle considérait son beau-fils. Depuis dix jours que l’obsédait la fatale nouvelle, l’incident du baiser donné sur l’épaule lui revenait à la mémoire pour la première fois. Elle fut surprise, mais estima d’un beau caractère et se fit un mérite solidement fondé d’avoir pu l’oublier pendant si longtemps.

Sa propre peine était surtout celle qu’elle s’infligeait. À sans cesse la sentir se gonfler en elle, elle ne doutait, du reste, pas qu’elle ne fût sincère. Peut-être, au pis, admettait-elle qu’un remords certain, en se mêlant à ses regrets, la rendait moins pure. Lorsqu’elle vit, à l’église, Marc, d’ailleurs correct, subir les chants des funérailles, tout près du cercueil, sans vraiment accuser aucun désespoir, il lui parut qu’elle se devait de pleurer pour deux et, fiévreusement, elle rechercha de nouvelles raisons dont se pût grossir son chagrin. Artifice étonnant de puérilité ! Touchant manège d’une pénitente qui poursuit des torts jusqu’aux replis de sa conscience les moins engorgés pour doubler le volume de sa contrition ! De la douceur de son mari, de sa loyauté, de sa confiance et de l’amour qu’il avait pour elle, elle s’appliquait à dégager les traits les plus nets, à les parer d’une intention de délicatesse dont le raffinement l’attendrit, puis s’étudiait et rapprochait de ces témoignages l’abominable ingratitude qu’elle avait montrée. Mais, constamment, elle suspendait cette méditation pour éloigner de son esprit le sujet d’une