Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/172

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
170
LE SUPPLICE DE PHÈDRE

elle-même s’en soucia moins, puis les sentit fondre. Le seul obstacle encore dressé devant son envie était l’idée de l’humiliante et vilaine démarche qu’elle serait forcée d’accomplir. Un matin, brusquement, elle se décida. Un vif mépris de sa personne lui pinçait la bouche, tandis qu’un fiacre, au fond duquel elle se tapissait, la menait à l’office de la rue Vignon.

Les bureaux occupaient un étage entier. Hélène, d’abord, fut introduite dans une salle d’attente juste assez grande pour contenir deux fauteuils cannés et que flanquaient symétriquement, à droite et à gauche, trois ou quatre réduits de même dimension. Cette ordonnance lui fit sentir l’abjection du lieu par le souci qu’elle trahissait bien ouvertement d’éviter à chacun le regard d’autrui. Les quatre murs entre lesquels elle était captive lui semblaient contrarier sa respiration. « Quel séjour ! » pensa-t-elle en se retournant. » Cette dégoûtante petite cabine a tout vu du monde, excepté, je suppose, une âme un peu noble ! » Un instant, révoltée, elle voulut s’enfuir, préférant ses alarmes à l’ignominie dont elle paierait la certitude qui lui manquait tant. Mais, déjà, le garçon la priait d’entrer.

Le directeur était un homme de l’air d’un gendarme, avec un nez carré du bout, des sourcils épais, de fortes moustaches, des yeux durs. Pas du tout le visage qu’attendait Hélène. Il la salua d’un signe de tête et la fit asseoir, puis demanda sur un ton bref, poli, mais cassant, bien que