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Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/242

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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

Une révolte obscure la saisit. Et, sans peser si sa colère était juste ou non :

— Égoïste ! fit-elle d’un accent furieux.

Elle s’éloigna de plusieurs pas. Ses prunelles flambaient. Marc, étourdi, la parcourait d’un timide regard et, sans pouvoir trouver un mot, balançait la tête et remuait la bouche nerveusement. Alors, d’un air impitoyable, elle revint sur lui :

— Pas autre chose ! protesta-t-elle, un bras étendu, si bien le jouet de son dépit qu’elle roulait des yeux et vociférait comme une folle. Égoïste ! Égoïste ! (Elle le dit vingt fois.) Je t’ai trop choyé, trop gâté ! Tu m’as trop vue, sans doute sévère, par instants brutale, et délibérément, avec délices, tant ma faiblesse me faisait honte, tant elle m’indignait, soumettre aux tiennes, imbécilement, toutes mes fantaisies. Aujourd’hui, je devrais te sacrifier tout ! Eh ! bien, mon ami, n’y compte pas ! Si tu te moques de savoir seul ton grand-père malade, moi, j’estime que ma place est marquée chez lui. J’ai décidé de le rejoindre et je partirai ! Tu me demandais quand ? D’ici huit jours ! Si je reviendrais ? Non, et non ! Comment toi-même tu t’arrangerais ? Je t’ai répondu ! Rien, comme tu vois, conclut Hélène, ne reste à régler. À présent, pleure, supplie, je n’écouterai pas !

Elle pivota sur ses talons, aussitôt parlé, et sortit de la salle en fouettant la porte.

Marc tomba subitement dans le désespoir. Comme la joie, l’enthousiasme et l’exaltation, chez un jeune homme, qui discute moins qu’il ne s’abandonne, il