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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

femme qui n’est plus jeune tombe-t-il donc si vite quand s’offre à lui (près d’expirer faute de combustible) un amant novice à brûler ? Marc aspira passionnément à ce rôle de proie. Bientôt, victime des illusions que sécrètent nos vœux, il lui parut que, nonobstant la rupture d’hier, il pouvait toujours y prétendre. Ce n’était, tout pesé, qu’une question d’audace. À des cris, des serments, des supplications, aux mille moyens de se traduire et de persuader qu’inventerait sans effort, à l’instant critique, sa sincérité débordante, quelle résistance pourrait offrir Mme Aliscan ? Par ailleurs, sa détresse constituait une force, et d’une puissance, lui semblait-il, à tout emporter.

Il prit son chapeau, descendit.

Jamais son cœur n’avait battu plus impétueusement. Dans la voiture, il trépignait, le buste incliné, comme si les signes désordonnés de son impatience avaient dû augmenter la vitesse du fiacre.

Trois étages. Il sonna, n’eut aucune réponse. Deux autres coups, plus appuyés, retentirent en vain. Marc posa son oreille contre la serrure, mais nul bruit ne venait de l’appartement.

Il reprit l’escalier en serrant la rampe.

Chez la concierge, il demanda d’une voix toute menue :

— Madame Aliscan n’est pas là ?

— Elle est partie voici dix jours, répondit cette femme. Oui, pour les Indes, ajouta-t-elle en se rengorgeant devant la mine désappointée qu’elle