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Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/246

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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

En mauvais état, toute rouillée. Le revolver, d’ancien modèle, gros et terrifiant, possédé jadis par son père. Marc l’avait là, comme une relique, avec une longue-vue, un portefeuille d’où s’échappaient des papiers flétris et divers objets familiers. Il s’en saisit, l’examina, le chargea d’une balle, puis, d’un geste impatient, sans se dévêtir, en appuya sur sa poitrine la forte embouchure, pressa la détente des deux mains.

Au bruit de la détonation, Hélène accourut. Elle fit, dès la porte, un grand cri. De stupeur, elle pensa qu’elle allait tomber. Mais l’énergie de sa nature la maintint d’aplomb. Elle partit, comme une folle, dans le corridor :

— Vite, le docteur ! Un accident ! Voyez au plus près ! Monsieur Marc s’est blessé en maniant une arme !

La cuisinière était une femme solidement construite qui put l’aider, bien que geignant qu’elle craignait les morts, à déposer Marc sur son lit. Il était en syncope, d’une pâleur de cierge et saignait du flanc gauche avec abondance. Déjà Hélène avait repris sa lucidité. Elle se fit apporter une paire de ciseaux. Déboutonnant et déchirant, décousant, taillant, elle eut tôt fait de mettre à nu le côté blessé, prit des serviettes, masqua les plaies, comprima leurs bords. On lui donna de l’eau bouillie dont elle les lava.

Quand parut le docteur, Marc ouvrait les yeux. Ce fut à peine si, de ses lèvres, avec un soupir, sortit un confus gémissement. Sa belle-mère l’embrassa