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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

cent fois du canapé au seuil de la pièce avec l’impatience d’un jeune chien. Finalement, ils partaient sous les beaux ombrages, accompagnés de la bonne dame qu’ils quittaient bientôt pour se faufiler dans une ronce, et c’étaient des parties dont se grisait Marc jusqu’au moment où la voiture attelée de mules ramenait Hélène à Quimper.

Le commandant qui, sous la glace de son expression, sous sa manie régionaliste et ses préjugés, cachait un naturel timide et sensible, n’observait pas sans émotion, entre ses voyages, l’affectueux dévouement et la complaisance que témoignait la jolie jeune fille à son fils. Il devinait sa société profitable à Marc et l’estimait plus rationnelle que celle de vieilles gens dont le cœur débordait de toute la faiblesse qu’y avait jetée leur malheur. Marc ne pouvait rester toujours à l’Amirauté. Le curé du village voisin l’instruisait, mais c’était un saint homme sans pédagogie qui pataugeait à faire pitié dans le rudiment. Sa connaissance de la grammaire n’était plus qu’une ombre, il déclarait en riant d’aise que, pour l’addition, il devait compter sur ses doigts, sous peine de s’y reprendre indéfiniment sans jamais obtenir deux totaux semblables, quelques miracles et sainte Blandine constituaient pour lui à peu près toute l’histoire jusqu’aux Capétiens. C’était au plus si l’on pouvait, dans son enseignement, espérer que l’erreur en serait bannie quand elle eût été trop grossière. Michel Soré, médiocre esprit, mais grand travailleur,