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Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/37

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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

comme entachés d’impertinence et de mauvais ton. « Quel plaisir de le jouer », se disait Hélène, « en lui présentant cette peau d’âne ! »

Pour bretons qu’ils fussent, et placides, les étudiants n’avaient pas vu sans stupéfaction Mlle de Kerbrat fréquenter leurs cours. Ni quelques-uns, il faut l’avouer, sans pensées gaillardes. Leurs compagnes habituelles étaient des filles pauvres, habillées trop vite et sans goût, intelligentes, mais dont l’esprit dénué de toute grâce constituait pour leur sexe une infirmité. Hélène, tombant au milieu d’elles, qui la décriaient, comme une paonne parmi des pintades, avait produit sur les jeunes hommes l’effet d’une princesse incitée par l’ennui à fuir les grandeurs et par l’amour du romanesque à se compromettre. Leurs dix-huit ans et leurs lectures fournissaient du corps à cette magnifique invention. Elle les échauffait, les flattait. Elle leur semblait doter à point leur honnête province de l’atmosphère pleine de délices des villes perverties. Cependant, comme Hélène était laborieuse, comme elle ne sortait jamais seule, que rien n’était plus effacé que son élégance et que pas un des soupirants qui la côtoyaient ne recevait de son visage, toujours composé, le plus léger signe d’attention, les langues, bientôt, avaient cessé de bruire sur son compte et sa personne était tombée dans l’indifférence.

Elle ne souhaitait pas meilleur sort. Son assurance ne se mêlait d’aucune coquetterie. À sa chaussure, à ses costumes, à son pas vaillant,