Page:Henri Grégoire.- De la traite et de l'esclavage des noirs et des blancs, 1815.djvu/14

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acheté trop chèrement par un acte contraire à la morale, déclare à l’assemblée que le moyen proposé seroit très-avantageux, mais qu’il est injuste ; et il est rejeté[1]. Dans un traité avec les Carthaginois, Gelon, roi de Syracuse, stipule expressément qu’ils n’immoleront plus d’enfants à Saturne[2] ; et vingt-trois siècle après, en 1814, dans un traité avec l’Angleterre, on stipule que, pendant cinq ans encore, les Français pourront faire la traite des Nègres, c’est-à-dire, voler ou acheter des hommes en Afrique, les arracher à leur terre natale, à tous les objets de leurs affections, les porter aux Antilles, où, vendus comme des bêtes de somme, ils arroseront de leurs sueurs des champs dont les fruits appartiendront à d’autres, et traîneront une pénible existence, sans autre consolation, à la fin de chaque jour, que d’avoir fait un pas de plus vers le tombeau. Aristide et Gelon étoient idolâtres, nous sommes chrétiens.

  1. Voyez Plutarque, vie de Thémistocle, no 39.
  2. Idem, Des délais de la justice divine.