Page:Henri Grégoire.- De la traite et de l'esclavage des noirs et des blancs, 1815.djvu/42

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justice naturelle peut être en collision avec elle-même. Accordez, s’il est possible, ces assertions qui confondent toutes les idées. Permettez-nous de croire que, malgré des antilogies apparentes, la raison, la religion, la philosophie, la liberté, la morale, sont en harmonie parfaite, et qu’en dernière analyse toutes partent des mêmes principes, afin d’arriver au même but.

Pour étayer le système de la traite, on nous assure que les peuples de l’Afrique ont conservé l’usage des sacrifices humains ; on cite quelques faits qu’on pourroit aussi appeler d’exception, suivant l’expression de M. de Beauvois ; mais à qui persuadera-t-on que les cent mille Noirs que l’on traînoit annuellement d’Afrique en Amérique eussent été tous immolés à une hideuse superstition ? Il ne resteroit plus qu’à préconiser comme bienfaiteurs du genre humain ces armateurs qui les privent de la liberté, sous prétexte qu’ils seroient privés de la vie, et qui pour s’enrichir les condamnent à un esclavage pire que la mort.

Nos antagonistes consentent néanmoins à ce