Page:Henri Grégoire.- De la traite et de l'esclavage des noirs et des blancs, 1815.djvu/50

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des entreprises par leur issue et les résultats, on béniroit Genseric, on maudiroit son devancier jusqu’à ce que lui-même fût supplanté par quelque autre dominateur qui seroit béni et maudit à son tour. L’histoire de France depuis vingt-cinq ans dispense de chercher ailleurs des exemples à l’appui de cette assertion.

Un jour aux Tuileries, entre Napoléon et un groupe de sénateurs, s’établit sur les colonies une conversation peu favorable à la liberté africaine. Il aperçoit un homme très connu pour être partisan des Noirs, et l’interpelle en ces termes : Qu’en pensez-vous ?… Je pense, lui dit-il, que fût-on aveugle il suffiroit d’entendre de tels discours pour être sûr qu’ils sont tenus par des Blancs : s’ils étoient Noirs la conversation auroit une teinte bien différente. Cette réponse, qui provoqua le rire, contenoit une grande vérité ; car, changeons les rôles, et supposons que les partisans de la traite et de l’esclavage ont l’épiderme noir, tenez pour certain que tous changeroient à l’instant d’opinion ; tant il est vrai qu’en général les hommes, si fiers de leur