Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

demeuré tousjours mieux edifié de toutes ses actions et desportemens, mais encores plus confirmé et conforté en tous mes bons desirs et desseings par ses sages et fideles conseils, ayant gaigné le poinct qu’il me retournera trouver, apres avoir faict ung court passaige devers mon dict Sieur et l’avoir pareillement bien conseillé et disposé à bien faire, et sur tout à ne vous deffaillir. Je ne veulx pareillement obmettre à vous dire que l’on a envoyé icy le sr de Foix[1] pour m’esclairer et les esclairer mieulx de mes actions et intentions. Ce que toutesfois j’espere tellement mesnager, que j’en tireray profit, et sçauray bien luy tenir caché ce qu’il fauldra ; vous priant seulement de nous bien entre-entendre, et, avec nous, ceulx qui en despendent. Pour lequel respect je vous envoie principalement le porteur, et, par vos bonnes et seures adresses, à ceulx que vous adviserez ; et supleerez, s’il vous plaist, à ma depesche ce qui vous semblera estre requis et necessaire pour nostre bien commung, et pour nous deffendre des menées et praticques de nos commungs envieux et ennemys. Lesquelles, à ce que j’ay veu par plusieurs advertissemens de la Court, ils renforcent de jour à aultre ; et de nouveau, oultre l’association d’auculnes villes en Picardie, il [me] revient de la ligue, conjuration et conspiration de six cents gentilshommes[2] pour s’opposer à la paix, combien que pas ung

  1. Louis de Foix, comte de Gurson, fils de Germain Gaston de Foix, marquis de Trans et comte de Gurson, et de Marguerite Bertrand, dame de Frizin. La mission qu’il remplissait alors au nom de la cour, auprès du roi de Navarre, l’attacha à ce prince, dont il était allié et dont il embrassa le parti tout en restant catholique. Ses deux frères, Gaston, comte de Fleix, et François Phébus, chevalier de Malte, suivirent son exemple. Tous trois furent tués, le 23 juin 1580, à la bataille de Montraveau, près Nérac. La présence de Louis de Foix chez le roi de Navarre, en 1576, amena une détermination bien importante, ainsi racontée dans la vie de du Plessis-Mornay, « M. du Plessis ne fut si tost de retour chés soi, qu’il receut lettres redoublées du Roy de Navarre, qui le convioit à l’aller trouver. Cette envie luy prit de ce qu’il en entendoit dire beaucoup de bien à messieurs de Foix et de la Nouë, qui estoient lors prés de luy, cestuy-là de la part de Henry III pour le destourner de la Religion, cestuy-ci employé en la principale conduite de ses affaires ; tous deux, bien que divers en religion, dont il s’esbahissoit, s’accordant en sa louange. » (Vie de M. du Plessis, l. I, ann. 1576.)
  2. Nous supprimons ici le mot contre.