Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

recevray tousjours avec toute affection et respect tout ce qui viendra de la part d’une si honorable et digne compagnie ; ayant un extreme regret de ce que je n’ay peu m’y trouver, et vous monstrer en personne en quelle estime j’ay et tiens une telle assemblée, et comme je seconde vos volontez et sainctes intentions en ce que vous desirés tous aider à mettre fin aux maulx et miseres dont ce Royaulme a esté si long-temps affligé ; et pour le remettre en quelque meilleur estat, promouvoir et procurer envers le Roy mon seigneur toutes bonnes et sainctes ordonnances et reglemens. Mais le succes et l’evenement d’une si haulte entreprise tendant à la restauration de ce Royaume despend, à mon advis, de ce que requeriés et conseillez le Roy touchant la paix. Si vos requestes et vos conseils tendent à la conserver, il vous sera aysé d’obtenir toutes bonnes provisions à toutes vos plainctes, remonstrances et doleances, et de faire executer et entretenir de poinct en poinct, et par ce moyen de recueillir vous mesmes, et transmettre à la posterité le fruict de vos bons advis et bons conseils. Que si, par le moyen de quelques uns qui suivent et servent à leurs passions ou à leur profict particulier, et ne se soucient de perdre la France, vous vous laissés eschapper des mains la paix tant necessaire, j’ay grand’peur que vostre dessein et le mien, avec celuy de tant de gens de bien qu’il y en a en ce Royaume, et toutes nos esperances de ceste assemblée ne soient vaines, et que tout ce Royaume ne demeure pas seulement frustré du grand bien qui luy estoit offert par ceste assemblée, mais qu’il soit encore pis : si tant est qu’il puisse seulement durer et subsister. Et partant, Messieurs, je vous prie de tout mon cœur et affection de vouloir encore desliberer sur ce poinct duquel despendent tous les aultres, et mesme la consolation et le contentement que vous desirés. Et attendu que l’estat de ce pauvre Royaume est de ceulx auxquels on ne peut faillir deux fois, de ma part je recognois que non seulement mon interest particulier, comme de tous aultres