Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/186

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
1577. — 6 septembre.

Orig. – Arch. de famille de M. le comte H. C. de Meslon, à Rauzan. Communiqué par M. le secrétaire général de la préfecture de la Gironde.


[À MONSR DE MESLON.]

Monsr de Melon, D’aultant que j’ay envoyé les compaignies de gens de pié que j’avois icy avec le sieur de Lavardins[1], et que je n’en puis envoyer à Langon[2] une qui est necessaire, plus tost que dedans cinq ou six jours, je vous prie, avec la plus grande diligence que vous pourrés, recouvrer quelque nombre de soldats pour mettre dedans. J’en escris presentement au sr de Favas[3], comme aussi au sr de la Casseigne à ce que ensemble, promptement, vous y puissiés mettre jusques au nombre de quarante ou cinquante soldats, attendant que j’y puisse envoyer une compaignie. Ce que je desire qui soit effectué d’aultant plus volontiers, qu’il est necessaire de poursuivre ceste negociation de paix, et que nos ennemis ne nous enlevent nos places, ce qui rendroit nostre condition pire soit pour la paix soit pour la guerre. M’asseurant que vous y ferés bien ce qui sera de vostre pouvoir et de vostre debvoir, je ne vous en diray davantage, si ce n’est pour prier Dieu vous avoir,

  1. D’Aubigné énumère avec dépit tout ce que le roi de Navarre accordait à Lavardin : « Au commencement de cette guerre, le Roy de Navarre avoit donné le choix de toutes ses places à Laverdin, pour se jeter dans celle qu’il verroit plus avantageuse et propre pour gagner de l’honneur : et encor pour avec loisir la munir, la fortifier, et y mettre le choix de toutes les bandes comme pouvoit un collonel. A cette occasion il avoit mis son coissinet sur Villeneuve d’Agenès, où mesme il faisoit sa demeure. Son maistre y employa les meilleures munitions, Barthelemy, son ingenieux, refusé à tous autres ; on y prodigua les finances, si bien qu’en peu de temps on y mit en défense sept bastions roïaux, sans compter quelques demies pieces avancées sur le bord du Lot. » (T. II, l. III, ch. XII.)
  2. Petite ville de l’ancien Bazadois, aujourd’hui du département de la Gironde.
  3. Jean de Fabas ou Favas, baron d’Auros, seigneur de Castelz en Dorte, de Barie et de Lados, maréchal des camps et armées du Roi, fut nommé vers 1605 gouverneur pour le Roi en la sénéchaussée d’Albret, charge que remplissait en 1577 M. de Meslon, à qui cette lettre est adressée. En la même année de 1605, le 15 avril, M. de Fabas eut sa terre de Castelz érigée en vicomté.