Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/192

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Royaulme, suivant ce que m’avés escript en toutes vos depesches, et mandé par ceulx que m’avez envoyez. Laquelle il est besoing que tous les gens de bien mettent peine d’establir et faire entretenir et observer inviolablement, afin de ne retomber plus aux miseres passées et qui pourroient à la fin causer une subversion ou dissipation d’Estat. De ma part je feray tout ce que je puis pour la bien establir par tout mon gouvernement, disposer et reduire les cœurs et volontez des subjects de mon gouvernement à une bonne reunion et reconciliation, vous priant, mon Cousin, afin de tesmoigner d’avantage de quelle affection vous la voulés establir et affermir de vostre part en vostre gouvernement, vouloir en ma faveur et en consideration de l’affectionnée priere que je vous en fais, oublier ce dont vous pouvés vous ressentir de vos subects d’Aletz[1] et Baignols ; parce que aussi en telles choses la doulceur faict de meilleurs effects que la rigueur, et par icelle on gagne et advance beaucoup plus qu’aultrement. Ce faisant, je seray d’aultant plus confirmé en l’opinion et asseurance que j’ay prinse de si long-temps de vostre bonne volonté envers moy. De laquelle de nouveau le dict sr de la Noue m’a rendu si certain temoignage, que je vous prie, mon Cousin, y vouloir tellement perseverer que, pour quelconque occasion, elle ne puisse donner entrée a aulcune alteration ou diminution, ensemble faire entier estat de la mienne, et vous asseurer du desir que j’ay de vostre bien, heur et prosperité ; ne voulant au reste obmettre à vous dire, mon Cousin, que ce m’a esté ung grand desplaisir d’avoir entendu les insolences que me mandés avoir esté faictes par ceulx de Montpelier, apres la publication de la suspension d’armes et desclaration de la paix[2]. Qui est pour tousjours reculer l’establissement d’icelle et la

  1. Il s’agit ici, non point d’Alet dans le département de l’Aude, mais d’Alais dans le département du Gard. Cette ville et Bagnols, qui en est voisine, appartenaient au maréchal de Damville. Il avait même laissé dans la première ses enfants, qui y furent arrêtés lors de l’émotion de Béziers.
  2. Lorsque Damville s’était rendu à Montpellier, « le syndic des habitants lui en fit fermer les portes et lui en refusa l’entrée, à moins qu’il ne jurât l’observation des articles, avec les modifications qui lui avoient été proposées, ce qui irrita beaucoup le maréchal, qui fut obligé de se retirer. » (Dom Vaissète, Histoire de Languedoc, l. XL, ann. 1577.) Sa femme fut même arrêtée dans cette ville au moment où ses enfants étaient arrêtés à Alais.