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ANNÉE 1580


[1580. — janvier.] — Ire

Cop. – Biblioth. de Tours, ancien manuscrit des Carmes, coté M, no 50, Lettres historiques, p. 89. Communiqué par M. le préfet.


À MESSRS[1] [DES ESGLISES.]

Messrs, Sy je suis recogneu pour la charge à laquelle il a pleu à Dieu m’appeler, il ne faut point de long discours pour vous faire gouster et comprendre l’utilité des choses resolues en ceste derniere paix, afin de vous disposer à l’obeissance d’icelles. Je croy qu’estes tous asseurez que je n’ay rien oublié de ce qui estoit de mon debvoir ou en mon pouvoir. Et comme je l’ay employé à vostre conservation, c’est maintenant à vous de me le rendre par l’obeissance et mutuel consentement que les membres doibvent au chef. Ainsi doncques, depuis qu’il a pleu à Dieu nous envoyer ceste paix, pour donner moyen à nos eglises de respirer de tant de maulx, miseres et calamitez, à laquelle j’ai apporté toute la fidelité et sincere affection qui m’a esté possible, ayant debattu et traicté les choses comme si vous-mesmes y eussiez esté presens, selon que vous pourront tesmoigner mon cousin monsr de Turenne et beaucoup de gens de bien, c’est la raison que chascun se dispose aussi d’obtemperer aux conditions d’icelle ; aultrement c’est me faire tort, desdaigner ma vocation et mon auctorité. Ce que j’ay bien voulu vous representer, ayant entendu les difficultez qui se font sur la reddition de Mende[2], pour vous ad-

  1. Nous n’avons point l’adresse de cette lettre ; mais le contenu montre qu’elle accréditait Turenne auprès des personnages du parti protestant qui n’avaient pu assister à la conférence de Mazères. La suscription portait probablement : « À Messieurs des églises. »
  2. Cette ville avait été prise par le capitaine Merle, le 25 décembre précédent, pendant la messe de minuit de Noël, au moment où l’énorme cloche appelée la Nompareille était sonnée à toute volée. « Le son étoit renvoyé avec tant d’éclat par les échos des montagnes voisines, dit M. de Thou, qu’on n’entendit point les troupes qui surprenoient la ville. » Ce fut un des coups de main les plus célèbres du capitaine Merle.