Monsieur a envoyé vers moy un de ses maistres des requestes pour faire des ouvertures de paix, et parler de la reddition des villes prises depuis la conference. Mais je n’ay voulu encore rien traicter ny resouldre, attendant le retour de la Marsilliere ; seulement ay-je consenty nostre entreveue, esperant qu’elle ne pourra que proficter. J’ai eu nouvelles de Montagu, où Labolée[1] est trez bien accompagné ; et sur le bruit qu’on l’alloit assieger, beaucoup de gentils hommes qui n’avoient encore bougé s’y rendirent avec luy. Ceux de la Fere ont faict rage, et jusques icy on ne les a pas beaucoup pressez[2]. Je vous recommande tous les affaires de delà, et à Dieu.
J’ai donné commission au capitaine Lurbe pour assemblée d’arquebusiers pour la compagnie de Saincte-Colombe ; je vous prie le favoriser.
- ↑ C’est une manière d’écrire le nom de la Boulaye, qui, avec Bastarderaie et d’Aubigné, s’empara de cette ville par une ruse très-hardie, comme le raconte d’Aubigné dans son Histoire universelle, t. II, liv. IV, chap. VI.
- ↑ Brantôme parle ainsi de la manière dont le maréchal de Matignon procéda à ce siege « Amprés il fut faict mareschal de France, dont pour son premier coup d’essay il alla assieger la Fere, où s’accomodant à sa lentitude accoustumée il y employa plus de temps qu’il n’y falloit ; et disoit-on qu’il lui faudroit beaucoup de siecles pour faire la conqueste d’un seul petit pays à son Roy au prix de cette petite piece conquise. » (Vies des grands capitaines françois. – Le maréchal de Matignon.) Mézerai explique cette circonspection du maréchal par la présence des deux principaux favoris de Henri III, d’Arques et la Valette, qui furent depuis les ducs de Joyeuse et d’Epernon. Le soin de Matignon à les ménager et le luxe de leurs équipages tirent appeler cette expédition le siége de velours. Néanmoins la ville capitula le 12 septembre. Elle était assiégée depuis la fin de juillet.