Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/356

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drez à faire lever les contributions ainsy que les autres garnisons ont accoustumé. Vous devez veiller plus soigneusement que jamais, d’aultant que les ennemys s’approchent de vous, estant le mareschal de Biron dans Agen, et adviser à la conservation de ladicte ville et habitans paisibles d’icelle, mieulx qu’il n’a esté faict. J’ay entendu que l’on desmolit tous les temples et monasteres de la ville de Cahors : qui est contre mon intention, et la deffence expresse que j’en ay faicte pendant que j’y estoys. Je vous prye empescher tels desordres et faire seullement abattre le couvent des Jacobins, parce qu’il nuict à la garde de la ville, voullant qu’il soyt entierement razé. Je vous ay aussy cy-devant mandé que je voullois que le cappitaine Maubec tint la main droicte, d’aultant que sa compagnie est la premiere qui est entree avec drappeau, et qu’il ayt la garde du Myrail. Je ne sçay pour quelle occasion on se bande contre ma vollonté et mes commendements ; c’est à vous d’y tenir la main. Je suis aussi fort mal content de ce que les pillages ont si longuement continué et que n’avez mieulx tenu la main à les empescher. Je vous prye aussy vous enquerir de Massonnet, l’ung de mes secretaires, lequel a esté prins par des paysans à deux ou trois lieues de la ville de Cahors, me venant trouver, estant en la compaignye du sieur de Lamarselliere, et tascher de tout vostre pouvoir de le retirer ou de vous saisir de quelques principaulx habitans dudict village, leurs faisant entendre que s’ils ne le rendent sain et sauf, que vous leur mettrez le feu, car je veux qu’ils en respondent. Esperant doncques que satisferez à tout ce que dessus, prieray Dieu vous avoir, Monsr le vicomte, en sa trés saincte et digne garde. Escript à la Force, le 3 aoust 1580.

Vostre bien affectionné et asseuré amy,


HENRY.