Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/493

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pour declarer les droicts et fondemens de son entreprise à la Diete de l’Empire qui se tient solennellement. C’est un voyage digne de vous, et auquel vous aurés moyen de faire paroistre la dexterité de vostre esprit ; et, sy, je m’asseure qu’estant occupé au service de Son Altesse vous ne serés inutile au mien. Faictes le donc, je vous prie, et escrivés moy souvent. Car pour si longues que soyent vos lettres, elles seront tousjours bien receuës de celuy qui prie sur ce le Createur, Monsr du Plessis, vous tenir en sa garde. De Pau, le xje may 1582.

Vostre meilleur maistre et amy,


HENRY.
1582. — 21 mai.

Orig. — Arch. de M. le comte H. C. de Meslon. Envoi de M. le secrétaire général du département de la Gironde.


À MONSR DE MELLON,

GOUVERNEUR DE LA VILLE DE MONTSEGUR.

Melon, j’escris à mon, cousin le mareschal de Matignon et à ceulx de la chambre de la justice, de differer les poursuites entreprinses contre vous pour la prinse du chasteau de Nouzan, de retarder l’execution des arrests qui pourroient jà estre donnés, jusques [à ce] que m’estant venu treuver à Nerac, où je le prie de se rendre avec ung des conseillers, ou le president de la dicte chambre, dimanche prochain, je leur aye faict entendre les justes occasions qui m’ont meu de vous commander ceste execution. Je suis bien marry que Gabarret se soit sauvé[1], et que vous ayés si longuement gardé la maison, et en-

  1. D’Hozier, dans l’Armorial général de France, d’après le Traité de la noblesse des capitoulz de Toulouse, par La Faille, fait mention des Gabarret, Gavaret, ou Gavarez, seigneurs de Saint-Léon, Montesquieu en partie, Roqueville, Vieillevigne et autres terres, comme ayant produit plusieurs officiers dans les armées. Celui dont il est ici question ne se distingua que par une scélératesse inouïe. Après avoir suivi quelque temps le parti de la réforme, il dirige contre le roi de Navarre une première tentative d’assassinat, que fait manquer la présence d’esprit de ce prince. Alors il passe ouvertement dans le parti catholique, en présentant, comme garantie de sa conversion, un crime atroce, commis exprès, et raconté par d’Aubigné dans son Histoire universelle, t.II, l. V, ch. IV. La mission qu’il se donne dans ce nouveau parti consiste à assassiner le roi de Navarre. Il mit dans ses tentatives réitérées un acharnement qui exposa longtemps ce prince à de graves périls. Ces renseignements expliquent comment, dans une lettre du 8 août 1580, le roi de Navarre parle de Gabarret comme d’un officier de son parti, et comme plus tard il est souvent question, dans sa correspondance, des poursuites à diriger contre lui, même dans de courts billets autographes, sans date et sans signature comme celui-ci, possédé également par M. le comte de Meslon : « Je vous prie me mander quel moyen il y auroit à present de parler à Gabarret à bon escient. Je vous envoyray, si vous voyez qu’il soit bon, six ou huit bons soldats. »