Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/543

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prouver mes actions, m’aimeront trop mieulx, affectionnant une religion que n’en ayant du tout poinct. Et ils auroient occasion de croire que je n’en eusse poinct, si, sans consideration aultre que mondaine (car aultre ne m’allegues en vos lettres), ils me voyoient passer d’une à l’aultre. Dictes, mon Cousin, à ceulx qui vous mettent telles choses en avant, que la Religion, s’ils ont jamais sceu que c’est, ne se despouille pas comme une chemise ; car elle est au cœur, et, graces à Dieu, si avant imprimée au mien, qu’il est aussi peu à moy de m’en departir, comme il estoit au commencement d’y entrer, estant ceste grace, de Dieu seul et non d’ailleurs. Vous m’allegués qu’il peut mesavenir au Roy et à Monsieur. Je ne permets jamais à mon esprit de pourvoir de si loing a choses qu’il ne m’est bienseant ny de prevenir, ny de prevoir ; et n’assignay oncq ma grandeur sur la mort de ceulx auxquels je doy mon service et ma vie. Mais quant Dieu en auroit ainsy ordonné (ce que n’advienne), celuy qui auroit ouvert ceste porte, par la mesme providence et puissance, nous sçauroit bien applanir la voie ; car c’est luy par qui les roys regnent, et qui a en sa main le cœur des peuples. Croyés moy, mon Cousin, que le cours de vostre vie vous apprendra qu’il n’est que de se remettre en Dieu qui conduit toutes choses, et qui ne punit jamais rien plus severement que l’abus du nom de Religion. Voilà, mon Cousin, mon intention, en laquelle j’espère que Dieu me maintiendra, etc. [De Nerac, le] vje mars 1583.


HENRY.




1583. — 6 mars. — IIme.

Orig. — B. R. Fonds Béthune, Ms. 8854, fol. 73 recto.


À MON COUSIN MONSR DE MATIGNON,

MARESCHAL DE FRANCE.

Mon Cousin, Le sr de Terrides m’a faict une grande plaincte et remonstrance de ce qu’il est vexé et travaillé pour la poursuite de