Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/642

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m’en vouldra faire la raison. Vous mettez en oultre quelque garnison dedans Condom, et de ceste façon vous environnez ma maison de Nerac de tous coustez. Je ne sçais ce que vous entendez faire, ne quelle auctorité vous voulez prendre en mon gouvernement ; de quoy je vouldroys bien estre promptement esclaircy. Au reste, mon Cousin, je vous ay mandé que les soldatz qui sont és villes de seureté sont reduictz à la faim, parce qu’estans en places povres et desgarnies de commoditez, ils n’ont aucun moyen de vivre, n’ayans rien receu jusqu’icy depuis quatre mois de leur entretenement, dont les deniers sont neantmoins imposez et levez. Il n’y a encores esté pourveu. Messrs de la ville de Bordeaulx m’en ont faict parler ; je ne puis sinon les remettre à ceux qui disposent desdicts deniers, car la necessité presse, et ne peut attendre davantage. Sur ce, je prieray Dieu, vous tenir, mon Cousin, en sa saincte et digne garde. Du Mont de Marsan, ce xvije decembre 1583.

Vostre bien affectionné et asseuré amy,


HENRY.



1583. — 18 décembre.

Orig. — Arch. de M. le comte H. C. de Meslon. Envoi de M. le secrétaire général de la préfecture de la Gironde.


[À MONSR DE MESLON.]

Monsr Melon, Parce que les maire et procureur de la ville de Bordeaux me sont venus trouver, et m’ont promis de s’employer à ce que vostre garnison, et aultres estans des villes de vostre costé, seront payées pour le plus tard dedans quinze jours, je l’ay aussi asseuré que, durant le dict temps seulement, je patienteroys et ne permettroys qu’il fust rien innové d’extraordinaire. À ceste cause, et sçachant que la necessité est grande dedans Montsegur, je vous prie, si vostre santé peut permettre, vous y transporter, et donner ordre pour le moins à ceulx de la citadelle, à faire tant avec les habitans, qu’ils aident aux soldats, en sorte qu’ils ne tombent en necessité durant le