Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/649

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les chemins aplaniz et les cueurs de vos subjectz bien disposez, par mon entremise à leur endroict, je puisse clairement faire veoir à Vostre Majesté la ferme affection que j’ay au bien de la paix, et l’entiere devotion à tout ce qui concerne son service ; et que ce que j’ay desiré retenir quelque auctorité et creance entre les dictes Eglises, n’a esté que pour le bien et avantaige de cest Estat et pour rendre l’auctorité souveraine de Vostre Majesté tant plus facilement obeye, comme les effectz rendront tousjours certain et evident tesmoignage, nonobstant tous les faux adviz et presuppositions que taschent de donner à Vostre Majesté ceulx qui sont coustumiers de luy deguiser et mal interpreter mes actions. C’est aussy, Monseigneur, le plus prompt et facile moyen que je voy pour composer tous ces remuemens qui se font en Languedoc, en divers lieux ; lesquelz proviennent principallement de la circonstance du temps où nous sommes, auquel on pense à la remise des villes, dont plusieurs espritz entrent en defiance, comme les humeurs s’esmeuvent ordinairement sur la crise d’une maladie. Mais une assemblée generale des dictes Eglises qui se resouldroit à l’intention de Vostre Majesté, comme jespere qu’elle fera, les rendra par conséquent resolus en tous leurs doubtes ; joinct que, s’il y en a qui ayent à se plaindre de quelque chose, ils en attendront par là le remede ; au lieu qu’ilz le repourchassent eulx mesmes par voyes moings licites. De faict, en pareils accidens cy-devant adveneus en divers lieux de ces provinces, je n’ay peu trouver aultre quelconque remede plus present ne plus facile, ayant icelluy, sur les inconveniens qui se sont presentez par cy-devant, servy de lien pour estreindre la paix, de quoy il y a assez d’exemples à alleguer. De sorte que je crains que l’obmission et trop longue intermission d’icelluy ne soyt cause des maux qui y regnent, comme ez corps pleins d’humeurs il est besoin de reiteration de remedes, si on veult eviter la maladie. Ce qui me faict supplyer tres humblement Vostre Majesté, Monseigneur, de voulloir, pour ces considérations, trouver bon qu’au plustost la dicte assemblée soyt convoquée, laquelle, comme les aultres precedentes, servira beaucoup à arrester le cours du peril im-